Rien n’est écrit, tout est à inventer
C’est une année spéciale qui s’achève. Un exercice qui a vu bien des repères voler en éclats. Au niveau international, tout d’abord. La guerre au Proche-Orient a atteint des sommets effroyables. L’Etat hébreux se trouve aujourd’hui accusé de génocide par toute une série d’institutions internationales et d’ONG.
L’incapacité des démocraties occidentales à assumer leurs responsabilités marque un point de rupture. En pratiquant les deux poids deux mesures – en se montrant à juste titre fermes avec la Russie, coupable d’impérialisme guerrier en Ukraine, mais en soutenant aveuglément Israël dans sa radicalisation militaire -, elles font voler en éclat l’édifice onusien et les valeurs universelles de démocratie et des droits humains.
C’est à un basculement du monde que nous assistons. La fin du multilatéralisme au profit de rapports uniquement fondés sur des intérêts particuliers. Et dynamiter le droit international a un prix. Lorsque Donald Trump annonce vouloir faire du Canada un bantoustan des Etats-Unis, annexer le Groenland et envahir Panama pour remettre la main sur le canal, il se comporte à la manière d’un Vladimir Poutine.
Cette mutation du monde est idéologique aussi, 2024 a vu une poussée marquée de l’extrême droite. En France, avec le Rassemblement national qui a réussi à vassaliser la droite bourgeoise classique, sur fond d’implosion politique et institutionnelle. Une extrême droitisation qui traverse la plupart des démocraties européennes ainsi que les Etats-Unis, avec le retour improbable du président orange.
En Suisse également, c’est une alliance entre la droite libérale et l’extrême droite udéciste qui fait la loi au Parlement. Résultat: des cadeaux aux riches, à l’armée et au lobby nucléaire, le tout payé par les plus pauvres.
Ce délitement moral et politique réclame à la fois une résistance – il importe de ne pas céder un pouce de terrain face à la gangrène fasciste – et une reconquête idéologique et culturelle. Un monde nouveau est à inventer et à bâtir.
Que nos lectrices et nos lecteurs en soient assuré·es, Le Courrier apportera sa pierre à cet édifice qui ne peut être que collectif. Nous n’entendons pas baisser les bras. Les défis sont nombreux: la crise climatique – 2024 a de nouveau battu des records de chaleur -, les injustices sociales – le procès des viols de Mazan a mis en évidence le poids du patriarcat – et économiques – les inégalité se creusent à la vitesses grand V.
Mais les récentes votations ont aussi montré que rien n’est gravé dans le marbre. L’arrogance patronale et du monde de l’argent peut être défaite. On l’a vu avec la treizième rente AVS, acceptée par le peuple contre l’avis de la réaction bourgeoise. Ou lors du refus de la fuite en avant automobilistique, au détriment du climat, défaite dans les urnes. Le rappel utile d’un principe du mouvement ouvrier et qui dit que «L’histoire ne fait rien, c’est l’homme, réel et vivant, qui fait tout».